Happa no ko: le peuple des feuilles
Après l’immense coup de coeur provoqué par Sirius de Stéphane Servant en 2017, j’ai surveillé avec attention les publications de la collection Epik des éditions du Rouergue. Parmi elles, Happa no ko de Karin Serres m’avait tapé dans l’oeil l’année dernière pour son univers japonais et son originalité. Et voici ce que j’en ai pensé…
[NB: Un grand merci aux éditions du Rouergue et notamment à Raphaëlle de La Rosa pour leur confiance et l’envoi de cet ouvrage.]
« Avant la Découverte, il paraît que certaines personnes pouvaient voir le ciel de chez elles, le vrai. Maintenant, pour ressentir cette sensation, il ne restait que les univers virtuels, les décors de films ou les dômes-paysages.»
Un univers intéressant, mais pas assez expliqué
L’effet magique de Sirius ne s’est malheureusement pas reproduit avec ce titre. Happa no ko avait pourtant plusieurs critères pour me convaincre, en premier lieu son univers d’anticipation dystopique. Celui-ci se révèle doucement pour le lecteur, au fur et à mesure de la routine journalière des personnages. Nos jeunes protagonistes ayant toujours vécu dans un monde avec ce mode de vie si mécanique, ils ne le remettent pas en question et ne l’interrogent pas. A nous, lecteur, de faire la démarche de questionnement. Et si certains éléments apparaissent idéaux de prime abord, ce n’est qu’au fur et mesure des événements qu’ils vont se révéler plus néfastes, laissant au lecteur le soin de faire ses propres analyses et conclusions. Personnellement, cet univers m’a terrifié. Si j’apprécie cette volonté de nous laisser des zones d’ombre, cependant, j’adhère moins au manque total d’explications sur plusieurs pans de la société et notamment « la Découverte » cité à de nombreuses reprises mais jamais détaillée (ce qui est un peu frustrant). Cela donne un monde peu accessible pour un jeune lecteur, parfois peu clair et du coup, difficile à visualiser.
« Même au Planétarium ou dans les jeux, Madeleine n’avait jamais vu autant d’étoiles. C’était magnifique. Elle entendait aussi le vent dans les arbres, l’air sentait l’eau fraîche, et toutes ces sensations nouvelles semblaient si vraies. »
Une originalité sympathique, mais une intrigue inégale
Happa no ko est un roman très original qui navigue entre plusieurs genres, de l’anticipation au fantastique. J’ai apprécié son appel à des mythologies liées à la nature, ce mélange délicat entre magie, suspens et science-fiction. Et j’ai bien sûr aimé les clins d’oeils à la culture nipponne. Mais malheureusement, je dois l’avouer, je me suis ennuyée… Le livre ne fait que 140 pages, et pourtant l’histoire ne m’a pas embarquée. Peut-être la faute à des personnages pas assez approfondis, ou à une plume qui m’a laissée de marbre. Quoiqu’il en soit, malgré les événements nombreux et la complexité du récit qui aurait pu le rendre riche, j’ai eu le sentiment que le rythme n’était pas suffisamment équilibré ou parfois même perceptible. Enfin, la fin m’a paru très floue et me laisse décidément avec un sentiment plutôt mitigé à l’issue de cette lecture.
En bref, Happa no ko est un court roman très original, à l’univers intéressant, mais qui manque selon moi d’approfondissement et de clarté pour nous embarquer pleinement dans son intrigue.
« La planète est désormais couverte par une seule ville, aux tours immenses, d’où toute nature a disparu. Les humains passent leur temps à jouer, tandis que les robots sont au pouvoir. Un matin, Madeleine, une ado vivant dans le quartier France 45-67, découvre que ses mains sont devenues vertes… Mais elle n’est pas la seule : de l’autre côté de la planète, Ken, du quartier Japon 23-58, est aussi victime de ce phénomène. »
(Illustrations de couverture: © Patrick Connan / Graphisme: © Olivier Douzou)
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