Temps mort

Nouveau roman jeunesse d’Ariel Holzl, à qui l’on doit entre autres la série des Sœurs Carmines, Temps mort est un one-shot paru le 3 juin dernier chez Slalom. Conseillé dès 13 ans, ce roman fantastique nous emmène dans un autre monde caché dans les entrailles de Paris. Intriguée de découvrir cet univers prometteur et amatrice des écrits de l’auteur, je m’y suis plongée avec hâte et voici ce que j’en ai pensé…

[NB : Je remercie les éditions Slalom et Ariel Holzl pour cet envoi.]

« Tu penses sans doute que le temps est un mal incurable. Surtout quand tu en as si peu à vivre… Mais sans le temps qui passe, ton âme ne grandit plus.»

Un roman haletant

Pas de temps à perdre, et, n’en déplaise au titre, pas de temps mort dans ce roman qui démarre rapidement et nous embarque dans une série de péripéties haletantes du début jusqu’à la fin. Sur un rythme endiablé, l’auteur nous dévoile une intrigue pleine de mystères, un monde parallèle et d’étranges pouvoirs, le tout ponctué de références assez exquises et d’une plume toujours aussi efficace légèrement saupoudrée de sarcasme. Les amoureux des récits sans longueurs seront conquis. Mais attention, c’est aussi là que réside la faiblesse du roman. Trop court et trop intense, il est difficile de s’immerger tout à fait dans l’histoire et, surtout, d’en saisir tous les tenants et aboutissants. Les personnages eux-mêmes, pourtant non dénués d’intérêt, sont trop rapidement esquissés et leurs relations sont toutes trop rapides, trop expresses. Pas le temps de respirer, de profiter, le récit ne nous lâche jamais jusqu’à un final tout aussi expéditif. C’est un roman qui était pourtant plein de promesses et qui aurait gagné à être un peu plus long pour mieux nous plonger dans son ambiance et son univers et, surtout, pour mieux nous attacher à chacun des protagonistes. 

« Le métro parisien est très bien fait: contrairement à Parcoursup, il te faut à peine cinq minutes pour comprendre comment il marche. Et encore moins que ça pour le détester.»

Un roman aux idées intéressantes

Ariel Holzl aime les univers sombres et inquiétants qui cachent, derrière leur apparence glauque, beaucoup plus de subtilités qu’il n’y paraît. Le Périmonde de Temps mort répond encore à ce critère. Glauque, peuplé de spectres, goules et autres vampires, il s’agit aussi d’un lieu plein d’humanité, de souffrances et de sensibilités qui sa cachent derrière le masque des stéréotypes. Ses personnages aussi sont plein d’ambivalences, dotés de pouvoir pouvant semer la mort et le chaos, leur origine les rend plus touchants que menaçants. C’est d’autant plus frustrant qu’on n’a pas assez de temps pour vraiment les découvrir dans ce titre si haletant. J’ai apprécié également la présence d’un héros atteint d’une maladie incurable, un condamné qui, évidemment, s’interrogera sur l’acceptation d’une éternité sans saveur face à une vie courte mais réelle. Un questionnement plutôt bien amené et, malgré le rythme soutenu, plutôt approfondi.

En bref, Temps mort est un roman jeunesse trépidant qui propose un univers aux apparences trompeuses très intéressants et des personnages qu’on aimerait prendre plus de temps à découvrir. Son rythme soutenu empêche malheureusement de s’immerger autant qu’on le souhaiterait dans cette histoire et de ne pas se perdre dans l’enchaînement d’actions. Un peu plus de longueurs et un peu de temps mort (justement) auraient été souhaitables.

« Sur les traces de son grand-oncle Théobald, Léo, 17 ans, bascule dans une fontaine des catacombes et se retrouve projeté dans une réplique négative de Paris. Auréolé d’un soleil noir, le Périmonde est un territoire où le temps n’a pas de prise et où règnent des clans aux pouvoirs puissants. Léo n'a d'autre choix que de les affronter lors de la Chasse Sauvage, une course contre la montre où tous les coups sont permis. Heureusement, l’énigmatique Alma est là pour l’aider… mais peut-il vraiment lui faire confiance ? »

(Illustration de couverture: © Germain Barthélémy)

[Diversité: pp malade - Huntington]

Cicatrice, Deuil, Meurtre, Mort, Sang

[Lecture n°51/72 (pour l'échelon 5 Fusion dans l’utopique) pour le Challenge de L'Imaginaire édition 9 de Ma lecturothèque]