RIP. Tome 1, Derrick: je ne survivrai pas à la mort

J’aime bien les bande dessinées dérangeantes, et Gaet’s est certainement un scénariste de BD suffisamment tordu pour me plaire, comme il me l’a prouvé avec Un léger bruit dans le moteur. Alors quand mes yeux sont tombés sur le tome 1 d’une série noire signée Gaet’s au scénario et Julien Monier au dessin, impossible de ne pas tenter la lecture. J’ai donc lu le premier volume de RIP, intitulé Derrick: je ne survivrai pas à la mort et publié chez les éditions Petit à petit…

Noir c’est noir… 

Je voulais du glauque… et j’ai été plus que servie! Gaet’s signe ici encore une BD qui suinte de noirceur par tous les bords, offrant une histoire qui se déroule dans un environnement miséreux, crasseux et dérangeant, dont l’intrigue est vraiment oppressante. On y découvre divers personnages qui seront les narrateurs des différents volumes de la série, et on rencontre plus particulièrement Derrick dont la vie est pétrie de désespoir, sans saveur et sans once de bonheur. Vous êtes prévenus, c’est aussi joyeux et guilleret que ce que suggère la couverture. 

« On dit souvent qu’on appelle ses vrais amis quand on a un cadavre dans le coffre. Les vrais amis, ceux que l’on compte sur les doigts de la main… Pour ma part, c’est vite vu. Je n’ai pas d’amis. Donc pour mes cadavres, je creuse.»

Les dessins de Julien Monier sont eux aussi dérangeants. Non avares de détails peu savoureux, notamment les gros plans sur les chairs putréfiés qui vous couperont l’appétit, ses traits sont eux aussi d’une noirceur oppressante. Ce parti pris glauque est parfaitement assumé côté scénario et dessin et conviendra aux amateurs de noirceur. Même si parfois, même pour moi, la limite du supportable n’était plus très loin. 

Je regrette cependant une légère lenteur dans l’histoire qui prend le temps d’installer les protagonistes et reste majoritairement descriptive. Il faut dire aussi que Derrick n’est pas très causant et que sa vie n’est pas palpitante, bien que côté tension on est malgré tout servis. Par contre, les détails visuels qui sèment les prémisses des autres tomes sont plutôt alléchants et donnent envie, malgré notre dégoût, de poursuivre cette plongée dans cette série malaisante pour en connaître tous les points de vue et tous les aspects.

En bref, ce tome 1 de RIP est très glauque, très sombre, oppressant, dérangeant… mais c’est tout ce qu’on recherche quand on ouvre une BD telle que celle-ci! Âmes sensibles s’abstenir.

« Des gens meurent parfois dans l’indifférence générale.

Ces gens qui n’ont pas de famille, pas d’entourage, pas d’ami. Ils vont parfois rester longtemps chez eux avant qu’on ne les découvre. Heureusement la société qui emploie Derrick et ses collègues est chargée de faire le ménage avant que toute la famille ne défile. Ce qu’ils découvrent n’est pas toujours beau à voir… »

(Illustration de couverture: © Julien Monier)