Naoto: le gardien de Fukushima

Publiée en février 2021, la bande dessinée, Naoto: le gardien de Fukushima est basée sur l’histoire vraie de Naoto Matsumura, fermier de la région irradiée revenu dans la zone d’exclusion pour s’occuper des animaux. Écrite par Fabien Grolleau et illustrée par Ewen Blain qui signe ici son premier album, cette bande dessinée est éditée par Steinkis. Voici ce que j’en ai pensé…

« Regardez le monde autour de vous, la vie que vous aimez tant… Quand un accident nucléaire survient, c’est fini. Les fleurs, les champignons, les insectes, c’est fini. Les prairies, les forêts, les rivières, les montagnes… Tout est fini. La nature, c’est fini. Pour toujours.»

Une histoire touchante

Si vous ne connaissez par encore Naoto Matsumura et son histoire, cette BD peut être une belle porte d’entrée pour découvrir l’existence de cette homme et sa mission. Amoureux de la nature et des animaux, Naoto n’a pas voulu laisser les bêtes mourir alors que la population était évacuée. Malgré les radiations, malgré les risques pour sa vie, il est restée seul dans la zone d’exclusion pour libérer et nourrir les bêtes restées sur place, tout en luttant contre leur extermination par les services nationaux. Cela m’évoque évidemment les missions difficiles de contrôle des animaux avec Chernobyl (l’épisode qui y était consacré dans la série me hante encore) et cela touche à ma sensibilité d’amoureuse des bêtes. L’histoire de cet homme, héros ordinaire qui prend le risque ultime pour sauver d’autres vies m’émeut énormément. Il dénonce aussi les dangers du nucléaire, le silence destructeur des nations, et rappelle cruellement la possibilité d’un accident près de nous. Sans devenir sombre ou voyeuriste, cette BD est également entrecoupée de scènes de la vie sauvage et de légendes nippones qui offrent un certain onirisme faisant beaucoup de bien à la lecture. Une démarche apaisante qui n’atténue pas l’horreur, une absence de chiffres mais des silences qui disent beaucoup. Un bel équilibre!

Visuellement superbe

Il s’agit de la première bande dessinée d’Ewen Blain, mais j’ose espérer que ce ne sera pas la dernière car ses illustrations sont vraiment superbes. Doux, artistiques, les dessins de cette bande dessinée ont un style très naturel de peinture qui donnent à l’oeuvre un aspect onirique apaisant. Une envoûtante ballade dans un monde dévasté qui place la nature sur un piédestal. L’illustration de la catastrophe et de l’histoire de Naoto sous le prisme des légendes japonaises est aussi une belle réussite graphiquement. C’est beau, tout simplement.

En bref, Naoto: le gardien de Fukushima est une excellente BD qui retrace l’histoire touchante et vraie d’un homme près à risquer sa vie pour sauver des animaux. Entre légendes japonaises et catastrophe historique, l’oeuvre nous fais osciller entre émotions et onirisme et nous propose une belle ballade grâce à ses illustrations superbes et douces.

« Japon, 11 mars 2011. Un tsunami cause la fusion du coeur de trois réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima. Une catastrophe de l’ampleur de celle de Tchernobyl.

Comme tous les habitants de la région, Naoto Matsumura est évacué. Mais ce fermier ne peut se résoudre à abandonner la ferme où sa famille vit depuis cinq générations... et ses bêtes. Prêt à tout pour sauver une vie, fut-elle animale, il retourne chez lui, en pleine zone interdite.»

(Illustration de couverture & extrait: © Ewen Blain)

[Diversité: pp asiatique - japonais.e, ps asiatique - japonais.e]

Mort