Love love love. Tome 1, Yeah yeah yeah

Première collaboration entre l’auteur belge Kid Toussaint et le dessinateur espagnol Andrés Garrido Martín, Yeah yeah yeah est le premier tome d’une nouvelle série BD intitulée Love love love (on sent l’amour de la répétition ^^). Publiée le 5 février dernier, cette bande dessinée nous plonge dans un univers d’anticipation dystopique où les androïdes et autres mécha sont traités comme des moins que rien. Dans ce monde au bord du chaos, une histoire d’amour entre une femme et un androïde naît. Voici ce que j’en ai pensé…    

[NB: Merci aux éditions Dupuis pour cet envoi. Merci à Jocelyne pour sa confiance et sa disponibilité.]

Faites l’amour, pas la guerre

Dans cette BD, les auteurs nous proposent un univers futuriste où les mécha, après avoir évoluées développé personnalité et sentiments grâce aux innovations humaines, sont finalement rejetés, relégués au rang d’objet, alors même qu’ils ont développé une conscience. Un vent de lutte et de guerre semble souffler sur ce monde, mais face à cette ambiance chaotique, la rencontre de Elle et de Karel, un Cherish bot qui recharge ses batteries à l’amour fait figure d’étendard de paix. Vent de fraîcheur par la personnalité énergique et entière de Elle, histoire tendre par le fonctionnement même de Karel et sa douceur, leur rencontre est touchante et se développe sous nos yeux sur une année entière dans ce premier tome. Kid Toussaint avait promis de l’amour en 2021 et il nous l’offre en effet avec Love love love! Mais attention, l’histoire n’est jamais niaise même si elle s’inspire de nombreuses références des grandes romances. L’auteur révèle par contraste les dysfonctionnements de cette société qui considère une partie de sa population comme moins qu’humaine. Il y a, en filigranes, beaucoup de sujets d’importance dans cette BD, tout en nous offrant une histoire touchante qui fait du bien au coeur de cette anticipation. Et l’auteur ne puise pas seulement ses inspirations dans la romance, il y a également des références aux classiques de la science-fiction, avec en tête, évidemment, Le cycle des robots d’Asimov. On aimerait peut-être que l’ensemble creuse un peu plus les thématiques abordées, restant un peu trop en surface à mon goût. Mais la (les?) suite(s) prévues pourront compléter cet aspect.

Ode à la tolérance 

Les auteurs nous proposent une histoire d’apparence légère mais qui parle avec finesse d’égalité, de tolérance et de respect de toute forme de conscience. Pour parler de ce sujet largement, l’intrigue fait des ellipses qui peuvent parfois être déstabilisantes car elles ne sont pas bien indiquées. Mais ces sauts dans le temps nous permettent à la fois de faire évoluer la relation Elle/Karel et la situation de crise dans la société. Andrés Garrido Martín nous offre d’ailleurs un très joli travail de détails dans les illustrations qui révèlent beaucoup du contexte en arrière-plan, comme sur la couverture. Côté dessin, le style est rond et les couleurs, majoritairement sur un camaïeu de rose/violet sont très plaisantes. Un petit bonbon d’illustrations en somme. Avec ces planches bardées de références (Karel, le Cherrish bot n’est pas sans évoquer Astro dans sa coupe de cheveux par exemple), c’est un plaisir de parcourir cette BD. Après, on adhère ou non au style graphique qui, particulier, peut laisser de côté quelques lectrices/lecteurs. 

En bref, ce premier tome de Love love love n’est peut-être pas la BD de l’année mais elle apporte un vent de fraîcheur à la SF en bande dessinée. Les auteurs nous parlent d’amour, de paix et de tolérance dans un univers dystopique aux bords de la guerre. C’est divertissant, c’est tendre et ça se lit avec plaisir, tant pour son histoire que pour ses dessins aux couleurs joyeuses et chaudes. En tout cas, j’ai bien envie de retrouver Elle et Karel dans la suite de leur histoire!

« Si les robots peuvent tomber amoureux, c'est qu'ils ont une âme. Il n'est pourtant pas question dans ce monde futuriste de leur reconnaître une humanité. Exploités, ils sont maintenus par les humains sous le joug de l'obsolescence programmée qui les destine à la destruction, en empêchant toutes les mises à jour. Dans ce climat délétère, la guerre paraît inéluctable. Mais l'amour ne prévient pas et entre Elle, l'humaine, et Karel, le Cherish Bot, c'est le coup de foudre. Comment réussiront-ils à s'aimer ? »

(Illustrations de couverture & extrait : © Andrés Garrido Martín)

> Lire un extrait < (© Dupuis)

Tome 3 - ?

[Diversité: ps noir.e, ps gay]

Agression, Racisme

[Lecture n°15/72 (pour l'échelon 5 Fusion dans l’utopique) pour le Challenge de L'Imaginaire édition 9 de Ma lecturothèque]