Les Dossiers Thémis. Tome 2, L'éveil des Dieux

Après avoir adoré le premier tome de la trilogie Les dossiers Thémis de Sylvain Neuvel, intitulé Le Sommeil des géants, c’est avec une impatience nerveuse que j’ai entamé la lecture du second opus, L’éveil des Dieux. Paru chez LGF en collection Le Livre de poche en 2017, est-il aussi bon que le premier opus ? Voici en tout cas ce que j’en ai pensé…

[NB : j’essaye toujours de ne pas spoiler les premiers tomes dans mes critiques de suite de série, mais ici ce n’est vraiment pas évident. Je préfère donc que vous évitiez la lecture de cette critique tant que vous n’avez pas lu le premier tome afin de ne pas vous gâcher le plaisir.]

Ultra addictif

J’avais déjà eu ce même effet au premier opus : une fois commencé, il est très difficile (voire impossible) de reposer L’éveil des Dieux. Ses 440 pages se dévorent sans peine, tant la plume est fluide, l’histoire passionnante et la construction narrative très dynamique. Le roman se compose, une fois encore, d’un ensemble de documents, notes de recherche, interviews enregistrées, journal de bord, etc. Les chapitres, composé d’un document à chaque fois, sont donc assez courts et s’enchaînent à la lecture, d’autant que beaucoup s’achève sur des révélations surprenantes qui poussent forcément le lecteur vers le chapitre suivant, et ainsi de suite. Cette construction est vraiment pratique pour un récit de ce genre car elle permet, à la fois, d’apporter un réalisme scientifique dans les journaux de bord de l’équipe, mais aussi de réaliser des ellipses temporelles parfois importantes ce qui accélère le rythme du récit et évite des longueurs inutiles. Et ce, en plus d’apporter plusieurs points de vue différents. On aurait pu penser d’un tel rassemblement de documents qu’il devienne lassant au bout d’un moment, mais c’était sans compter l’écriture de Sylvain Neuvel qui ne manque pas de piquant, qui reste vive et très agréable à lire et surtout, qui n’est pas avare de suspens.

" Rentrez chez vous, dites à vos proches que vous les aimez. Répétez-leur dix fois, cent fois. Faites-le tant qu'il est encore temps. Et si nous survivons à ça, continuez à le faire. Au final, c'est tout ce qui compte."

A deux larmes du coup de cœur

L’histoire, dans ce second opus, est un peu plus « statique » que dans Le Sommeil des géants, puisque les découvertes sont plus attendues, et que l’aspect thriller politique tend à diminuer au profit d’un récit aux tendances apocalyptiques (mais c’est tout aussi bien). Malgré tout, l’ensemble reste palpitant et fascinant. On ne cesse d’écarquiller les yeux jusqu’à la fin… et quelle fin ! Cette toute dernière phrase me donne envie de me jeter sur le troisième opus dans la seconde (heureusement, il paraît en français en octobre).  Mais encore une fois, je passe à deux doigts du coup de cœur parce qu’il me manque une immersion émotionnelle que le format plutôt froid que constitue l’amas de documents empêche. Et pourtant, il s’en passe des drames ! Même si certains personnages primordiaux, auxquels on s’est attaché depuis le premier livre, disparaissent, côté émotion, je ne ressens rien et c’est bien dommage. Autre léger bémol, le manque de date à l’intitulé des documents nous laisse souvent un peu perdu quant à la temporalité d’un événement. Il faut parfois un léger temps d’adaptation au lecteur, ce qui peut éventuellement freiner l’immersion totale. Mais ça, c’est juste pour chipoter.

" Les gens ont peur. Tout le monde a peur. C'est particulièrement vrai chez les puissants. Ils ont peur du monde, peur de leurs responsabilités."

En bref, si vous avez lu et adoré Le Sommeil des géants, vous allez évidemment adorer cette suite qui contient les mêmes aspects positifs. Si vous n’avez pas encore lu Le Sommeil des géants, d’une part vous n’avez suivi mon avertissement vous disant de ne pas lire cette critique (pas bien !) et d’autre part, qu’attendez-vous pour le lire, c’est juste génial !?!

Résumé :

« On n’arrête pas de me dire que c’est normal de faire des cauchemars. Moi je sais que ce ne sont pas des cauchemars. J’en ai quand je suis réveillée, maintenant. Je fais toujours le même depuis des mois. Tout le monde meurt. Il y a des milliers de morts dans les rues, une ville entière pleine de cadavres. Mes parents baignent dans leur sang, chez nous. Et aujourd’hui, il y avait quelque chose de nouveau. J’ai vu un robot. Comme Thémis. Une grande femme métallique tombait du ciel.  »

(Illustration de couverture: © Lee Gibbons)