Chimères

Tout au long du mois de décembre, Lucille, du blog L’oeil de Luciole, nous gâtait par un concours sous forme de calendrier de l’avent. Et c’est à cette occasion que j’ai pu remporté le dernier roman de Laurent Loison, auto-édité en numérique en décembre 2018 et intitulé Chimères. J’étais forcément ravie, d’autant que Lucille, tout comme 13 autres blogueuses, a participé à l’écriture de ce thriller, et que j’avais hâte de découvrir cette collaboration d’un nouveau genre…

« Je vous imagine lisant ces lignes et je vois vos sens aguichés à l’idée d’une lecture parsemée de tortures sanglantes et de morts atroces saupoudrées d’abominables cris d’effroi. Inutile de nier. 

Cela étant dit, je n’ai qu’une question. 

Pourquoi lisez-vous ce thriller? »

Un thriller glauque bien accrocheur

Je ne vais pas vous le cacher, j’ai dévoré ce roman à grande vitesse tant j’étais accroché au récit. Et alors même qu’il est loin d’être parfait, Chimères m’aura tenu en haleine du début à la fin par une intrigue assez haletante et une tension qui monte crescendo. Ce que j’ai surtout aimé, c’est la présence d’un narrateur qui nous interpelle directement, nous le lecteur. Ces passages rendent l’ensemble très immersif, nous donnant un rôle presque actif dans cette enquête. Et bien que certaines affirmations du narrateur me paraissaient un peu erronées parfois (mais que voulez-vous, je suis rarement dans le même moule que la majorité…), j’ai apprécié avoir une place dans ce récit. Et quand le narrateur vous promet du glauque, vous êtes servis. Âmes sensibles, vous allez passer un mauvais quart d’heure. L’intrigue prend, de pages en pages, un côté très sordide et le malaise procuré est bien réel, nous amenant à un final sous haute tension. Un seul regret côté immersion: je n’ai pas ressentie d’empathie pour les victimes, pas assez à mon goût, comme si une distance émotionnelle s’était imposée. De même que je n’ai pas du tout accroché avec Justine et Jérémy. Impossible alors d’avoir un vrai coup de coeur.

« Le temps est une éponge dégueulasse emprisonnant les odeurs pourries sans qu’on puisse l’essorer. »

Une méthode d’écriture originale

Il faut savoir que pour ce roman, l’auteur a demandé à 14 blogueuses littéraires de créer un personnage de victime, d’en dresser le portrait complet, et même de participer directement à l’écriture en faisant vivre ce personnage lors des phases d’interrogatoire. Laurent Loison a donc dû faire avec ce que les blogueuses proposaient, exercice d’écriture plutôt corsé et osé mais qui, au final, rend plutôt bien. On a donc des victimes aux personnalités très différentes, certaines très marquantes (Rose en tête, chapeau Lucille!), et c’était plutôt sympathique de voir les réalisations de chacune. Alors oui, autant de victimes, ça crée aussi quelques redondances et la première moitié du livre tend parfois à tourner un peu en rond. Malgré tout, j’étais prise dans l’histoire et j’avais envie de savoir comment tout allait évoluer. La seule chose qui me sortait vraiment de l’intrigue par contre, ce sont les clins d’oeils un brin grossiers à des connaissances et des lieux, qui sont certainement très sympathiques pour les concernés, mais qui pour les autres lecteurs paraissent incongrus et font retomber l’ambiance. J’aime généralement bien les clins d’oeils dans les livres, notamment aux copains auteurs, mais je préfère ne pas trop les remarquer. Ici, ça manquait quelque peu de finesse à mon goût. Mais ça non plus, ça n’aura pas suffit à m’entacher le plaisir de lecture.

En bref, Chimères est un bon thriller, glauque et efficace, qui nous tient en haleine du début à la fin. Et même si quelques imperfections empêchent le coup de coeur, on dévore ce roman en un rien de temps.

« Des femmes torturées et violées abandonnées dans les forêts de l'hexagone, avec pour consigne de contacter la presse. 

Quel fil conducteur, quel point commun les relie ? 

Justine et Jérémy, deux jeunes journalistes que rien n'aurait pu réunir vont jouer aux apprentis détectives. 

Au fil des témoignages éprouvants des victimes, se dessine le contour cauchemardesque de l'âme du criminel.

Mais l'arbre ne cache-t-il pas la forêt ?  »

(Images de couverture: © Adobe stock)

[Petit note aux lecteurs sur Kobo: Petite note, j’ai lu ce livre sur une Kobo Touch 2.0 et un chapitre avait de gros problème d’affichage, problème apparemment constaté aussi par d’autres lecteurs sur la même marque de liseuse. Mais heureusement ça ne concerne qu’un chapitre pour lequel vous devrez prendre votre PC pour le lire car il manque la moitié du texte sur la liseuse.]