Little sister

Sorti cette année dans les Hors-Collection de chez Syros, Little Sister est un roman traitant du sujet du djihad et de l’embrigadement des jeunes français chez Daesh mais à destination du public des ados/jeunes adultes. Il est signé Benoît Séverac, auteur français de polar à destination du public adulte et jeune multi-récompensé. Il existe aussi en version numérique.

Haletant, intéressant, étonnant. J’étais très curieuse de voir aborder un sujet aussi grave et, malheureusement, d’actualité dans la littérature ado. Le livre est en effet annoncé dès 13 ans (préférez 14-15 ans quand même à mon avis) et rentre dans le vif du sujet en suivant l’histoire de Lena et Théo, respectivement soeur et meilleur ami d’un jeune homme, Ivan, embrigadée en Syrie par Daesh. Si, au premier abord, j’étais sceptique et un peu déçue, l’ensemble démarrant doucement, de façon légère et avec une pointe de romance inutile (mais vous savez mon point de vue sur les romances dans les romans); la seconde moitié du livre m’a agréablement surprise. J’ai vite oublié l’aspect un peu niais du départ pour plonger dans l’action sans réussir à m’arrêter. 

« Nous avons honte d’Ivan, l’évoquer nous embarrasse, mais nous taire à son sujet tout autant. Il ne nous est pas permis de continuer à montrer de l’affection à l’égard d’un monstre capable de participer à la décapitation d’otages innocents, mais est-il plus normal ou juste de ne plus évoquer son frère, son neveu, son fils? »

Soyons honnêtes, je ne m’attendais pas à un tel suspense, à ce côté thriller, certes propret car pour les jeunes, mais véritablement haletant. C’est simple, passé les 100 premières pages, vous ne pouvez plus refermer le roman. Le rythme s’accélère, et on se rend compte, qu’en si peu de contenu, on s’est attaché réellement à la situation et aux personnages de l’histoire (gros coups de coeur pour les adultes catalans tout de même) ce qui prouve que l’histoire est maîtrisée et qu’en plus d’aborder un sujet extrêmement important, l’aspect plaisir de lecture n’est pas oublié. Malgré tout le dénouement est un peu difficile à croire mais l’ensemble se dévore si goulûment qu’on pardonne à moitié une conclusion aussi hâtive.

« Me voilà, comme tout le monde, pris dans une guerre dont je ne veux pas parce qu’elle nous divise au lieu de nous unir  »

L’écriture n’est pas celle d’un chef d’oeuvre mais la plume est agréable à parcourir et à découvrir. Et puis quel courage d’aborder un sujet aussi épineux, surtout le point de vue des proches de ceux qui partent en Syrie, dans un livre à destination des ados! Chapeau bas monsieur Séverac! Alors, certes, j’ai quand même trouvé que ça manquait de profondeur dans le traitement de cette actualité, mais je pense que c’est le côté young adult qui fait cela. Je pense malgré tout que les sentiments de la famille de Lena aurait pu être un peu plus mis en lumière car ce sont, eux aussi, des victimes et que nos médias ont souvent tendance à l’oublier (je vous invite à voir ma critique de Gaz de Tom Lannoye sur le même sujet qui file une sacré claque!). En tout cas, il peut inviter au débat, à la discussion, et, en ce sens, il devrait être lu en classe. Enfin, j’ai apprécié les éléments d’histoire espagnole que distillent le récit et qui soulignent avec justesse, à leur manière, un pan de notre histoire et de son évolution (notamment sur la perception des peuples arabes).

En bref, Little sister n’est pas un coup de coeur mais c’est tout de même une très bonne surprise. Un vrai bon thriller pour ado, qui traite en plus d’un sujet grave d’actualité mais qui doit être abordé dans ces âges et avec une écriture fort sympathique et addictive. 

(Montage photo de couverture: © Sutterstock ; Aleshyn_andrei ; Roroto12P ; Balakleybp)

«Du haut de ses seize ans, Lena fait preuve d’une assurance étonnante. Pourtant sa vie est loin d’être simple. Lena Rodriguez, c’était son nom avant. Sa nouvelle identité, elle ne peut la révéler à personne… Lena a convaincu ses parents de la laisser partir seule quelques jours à Cadaquès, chez son oncle et sa tante catalans. Elle ne leur a pas tout dit. Là-bas, elle a rendez-vous avec Ivan, son grand frère que personne n’a vu depuis quatre ans… depuis qu’il est parti, sans explication, faire le djihad en Syrie. »

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