Acadie

Le vingtième titre de la collection Une Heure-Lumière des éditions Le Bélial’ est une novella de Dave Hutchinson intitulée Acadie et publiée en août 2019. Il s’agit d’un des deux titres sur lequel j’ai jeté mon dévolu pour l’opération du Hors-série Une Heure-Lumière. Et voici ce que j’en ai pensé…

« Chaque habitat élit annuellement le représentant d’une sorte de vague corps consultatif dont le but est de s’assurer que la machine fonctionne sans heurts. D’après le principe voulant qu’on ne peut décemment pas confier le pouvoir politique aux personnes qui le recherchent, les seuls membres admis au sein de ce collectif sont ceux qui ne désirent absolument pas en faire partie. »

Une novella riche qui ne manque pas d’humour

Je ne savais pas trop à quoi m’attendre avec Acadie, mais je ne m’attendais certainement pas à rire autant à la lecture! Dave Hutchinson nous propose un récit riche et intéressant raconté par un narrateur très sympathique qui ne manque pas de piquant ni de cynisme. Il y a des scènes assez décalées, des blagues un brin loufoques aussi mais surtout un ton grinçant dont je raffole. Si j’ai beaucoup fait travailler les zygomatiques, j’ai également fait travaillé les méninges car la novella n’est pas qu’une farce, bien au contraire. L’intrigue étonnante nous propose un univers assez riche qui, en moins de 110 pages, parvient à être développé suffisamment pour nous en montrer l’étendue immense tout en restant parfaitement accessible même pour le lecteur qui serait allergique à la SF. C’est une histoire surprenante qui, sous couvert de ce ton un peu léger, interroge la bioéthique, les manipulations génétiques, et présente une utopie assez intéressante sur plusieurs niveaux, notamment d’un point de vue électoral. Il y a vraiment beaucoup de contenus à retirer de ce court texte!

« Le Conseil est composé d’elfes, de nains, de hobbits, gobelins et de Dieu seul sait quoi d’autre. Je n’ai pas lu les bons livres ni vu les bons films pour tous les reconnaître, mais j’aperçois aussi quantité de Klingons. Assister à une réunion du Conseil revient à participer à un concours de cosplay. »

Une histoire bien étonnante

L’auteur confie le destin de son histoire à un anti-héros cynique qui se trouve en place centrale de l’intrigue parce qu’il était celui qui avait le moins envie d’être à la présidence. Duke est un être très imparfait, plutôt porté sur la boisson et le confort que le devoir, et c’est là toute la force du récit. Non seulement il apporte la cynisme si rafraîchissant dans l’oeuvre mais il crée aussi l’étonnement car on n’attend rien de concret de sa part. L’intrigue, assez riche, est d’ailleurs surprenante à plus d’un titre, et tout particulièrement sur son final qui m’a laissé scotchée sur place. Dave Hutchinson nous offre, dans ce format très court, une histoire qui donne l’impression d’un grand développement mais offre aussi une véritable conclusion très marquante. C’est absolument captivant à lire, et sous couvert d’un ton cynique très plaisant, on découvre une histoire immersive, foisonnante et achevée. 

En bref, Acadie est un des meilleurs titres de la collection Une Heure-Lumière selon moi. Dave Hutchinson propose une histoire riche et très étonnante, jusqu’à son final épatant, portée par un ton cynique et décalé assez jouissif. 

« Il y a la Colonie, une constellation d’habitats spatiaux cachée au sein d’un système stellaire isolé et sans intérêt. Et puis il y a Duke, le Président de ladite Colonie, élu au poste car il était précisément le type qui le désirait le moins. Essentiellement honorifique, le job s’avère toutefois offrir certains avantages. En temps normal… Car voilà qu’une sonde terrienne franchit les limites du système. La pire des nouvelles au regard des membres de la Colonies, eux qui, sous la houlette d’Isabel Potter, généticienne de légende, ont élaboré une utopie contrainte de fuir l’autorité du Berceau depuis plus de cinq siècles. Or, en ce qui concerne le viol des strictes lois bioéthiques terriennes, il n’existe aucune prescription, et la Colonie n’encourt rien moins que l’annihilation. Sauf à ce que Duke, contre toute attente, ne se révèle l’homme de la situation… »

(Illustration de couverture : © Aurélien Police)