Cogito

Être juré pour le Prix littéraire Booktubers app c’est aussi tenter des lectures qui vous font sortir un peu de votre zone de confort. J’ai donc tenté une plongée dans la littérature young-adult avec le thriller d’anticipation SF Cogito de Victor Dixen paru en 2019 dans la collection « R » des éditions Robert Laffont. Et voici ce que j’en ai pensé…

« Nous seuls avons cette faculté inouïe d’imaginer notre futur, et le sens que nous voulions lui donner. »

Un page-turner qui manque d’originalité

Avant toute chose, si vous avez eu un coup de coeur pour Cogito, pardonnez-moi, mais je risque de ne pas être très tendre avec ce roman que j’ai pourtant dévoré extrêmement rapidement. Ce livre de 536 pages se lit en effet sans peine, porté par une écriture sans fioritures et un rythme plutôt haletant, notamment sur le dernier tiers où l’action ininterrompue emporte le lecteur sans effort. J’ai également apprécié le fait qu’il puisse être une introduction au genre de la science-fiction, abordant l’intelligence artificielle et questionnant l’humanité, peut-être pas de façon aussi travaillée que je l’aurai aimé, mais accessible à tous même aux allergiques du genre. C’est un beau livre (la mise en page est riche!) qui contient tous les ingrédients classiques d’un roman accrocheur pour les ados qui ne lisent que peu de science-fiction. Et comme il s’agit après tout du public visé, on peut le qualifier de réussite. En somme un bon blockbuster si on oublie de regarder de trop près! Le petit mélange avec les réflexions philosophiques du passé est aussi très intéressant à souligner et apporte un peu de richesse dans une histoire qui est, malheureusement, très prévisible car déjà-vue. L’intrigue est en effet cousue de fil blanc… 

« Si c’est de l’encre rouge qui sort du stylo, c’est que le diable veut de moi…

C’est qu’il accepte que je lui vende mon âme, ou plus exactement que je lui loue mon cerveau…

Mais c’est une banale encre noire qui sort de la plume tandis que je trace ma signature.

Ma pauvre Rox, tu n’as vraiment pas de chance: même le diable ne veut pas de toi. »

Un joli melting-pot de stéréotypes dans un bain de raccourcis scénaristiques

De mon point de vue « adulte » (même si l’ado que j’étais aurait peu apprécié cette intrigue « bateau » de SF), je n’ai pas été embarquée par Cogito qui manque non seulement d’originalité mais qui se trouve englué dans des stéréotypes typiques du young-adult que je fuis comme la peste. Les personnages adolescents sont terriblement clichés et évidemment agaçants, au point qu’il est impossible de s’y attacher et donc de s’inquiéter de leur sort. D’autant que ce sort est évidemment lui aussi tout tracé, encombré de facilités et de raccourcis scénaristiques bienheureux qui rendent les scènes d’action assez insipides car non crédibles. Je trouve aussi que les scènes d’action manquent de clarté. On ne les visualise pas aisément et on a du mal à s’y projeter. Le roman avait de bonnes bases, l’auteur de bonnes idées, mais aucune n’a été suffisamment poussée au profit de sous-intrigues niaises et déjà-vues 1000 fois à base d’amourettes et de luttes de classe par exemple. Et si vous comptez encore le lire, ne lisez pas cette phrase: <SPOIL> le happy end absolument non crédible est la touche finale d’une lecture décevante </SPOIL>. 

En bref, Cogito n’est pas une lecture pour moi. L’univers est intéressant et le rythme très accrocheur mais l’intrigue souffre d’un manque d’originalité cruel et les personnages très stéréotypés tirent une histoire avec de bonnes bases vers des tréfonds insipides. Je ne regrette pas de ne pas l’avoir sélectionné pour le PLIB…

« Un don du ciel… 

Roxane, dix-huit ans, a plongé dans la délinquance quand ses parents ont perdu leur emploi, remplacés par des robots. Sa dernière chance de décrocher le Brevet d’Accès aux Corporations : un stage de programmation neuronale, une nouvelle technologie promettant de transformer n’importe qui en génie.

…ou un pacte avec le diable ? 

Pour les vacances de printemps, Roxane s’envole pour les îles Fortunées, un archipel tropical futuriste entièrement dédié au cyber-bachotage. Mais cette méthode expérimentale qui utilise l’intelligence artificielle pour « améliorer » la substance même de l’esprit humain est-elle vraiment sûre ? En offrant son cerveau à la science, Roxane a-t-elle vendu son âme au diable ?

Demain, l’intelligence artificielle envahira toutes les strates de la société.
L’ultime frontière sera notre cerveau. »

(Couverture : © Jim Tierney)

- Lecture pour le Challenge #HMSFFF - Novembre 2019: bad ass au féminin -

Ce livre fait parti des présélectionnés du Prix Littéraire de l’Imaginaire Booktubers app  2020 #PLIB2020 #ISBN9782221241721 #ISBN:9782221241721