Her

Déjà récompensé du Golden Globes et Oscar du meilleur scénario, Her est le premier film où le réalisateur Spike Jonze (Max et les maximonstres, Dans la peau de John Malkovitch, …) a décidé de prendre également les rênes du scénario.

Envoutement et amertume. Ce sont là les émotions que j'ai ressenti en visionnant pour la première fois le dernier long-métrage du réalisateur de Max et les maximonstres. Derrière une affiche particulièrement intrigante à force de moustache rétro et d'un rouge omniprésent, Her cache un scénario très sympathique qui n'est pas sans nous poser des questions existentielles. Se déroulant dans un futur proche où les fameuses « Siri » sont devenus plus perfectionnées et dotées de personnalité, ce film interroge les capacités de l'intelligence artificielle, les contours de l'amour et les faiblesses et forces de l'Homme. Plus qu'une romance futuriste, l'histoire entre un OS et un humain intrigue, étonne mais se comprend. L'amour n'a ici pas besoin de contact physique, si ce n'est celui de la main avec l'ordinateur de poche. C'est ce qui rend l'histoire si belle peut-être, si pure sans doute. Mais cela ne fait pas tout le film. Le réalisateur et scénariste interroge bien plus que cette idylle « contre-nature », il suggère en nous, spectateurs, des questionnements. Le contact humain n'est-il pas préférable aux disparitions derrière nos écrans ? Sommes-nous devenus aussi distants que des machines au point de laisser d'autres personnes écrire nos lettres d'amour ? Ce monde est si proche du notre que les doutes qu'il soulève sont d'autant plus forts.

Au-delà du scénario, j'ai également envie de saluer la photographie de ce long-métrage. Le Los Angeles dépeint est épuré, apaisant. Nous ne retrouvons par exemple aucune voiture, aucun tumulte. Les couleurs sont rassurantes, à prédominance de rouge, celui de la passion amoureuse. Et l'ambiance qui en ressort s'associe parfaitement à l'intrigue comme la bande originale. Il n'y a ici aucune démonstration d'effets spéciaux importants, malgré « l'excuse » du futurisme. Le propos n'en ressort que plus fortement et troublera nécessairement le spectateur. Le seul bémol est sans doute dans la force aussi de ce film. Cette ambiance, bien que quasi-parfaite, empêche de douter sur l'issue certaine de cette histoire et gâche un peu la rêverie ou l'espoir que nous aurions pu ressentir sans que cela ne trahisse le scénario selon moi.

Il est également nécessaire de souligner la qualité du jeu d'acteur de Joaquin Phoenix (La Nuit nous appartient, Walk the line, …) qui a su rendre réaliste cette idylle étonnante et qui, malgré sa présence souvent seul devant la caméra nous a donné l'impression d'un couple. J'ai aussi envie de saluer la prestation de Scarlett Johansson (Avengers, Nouveau départ, Vicky Cristina Barcelona, ...) qui n'a ici que sa voix pour jouer puisqu'elle donne naissance à Samantha, l'OS. Une simple intonation et une foule d'émotions naissent. Chapeau bas. Elle a d'ailleurs reçu à ce propos le Prix d'interprétation féminine au Festival International du Film de Rome en 2013.

En bref, Her est un film passionnant, étonnant et touchant. A voir sans hésitation! 

Bande annonce:

"Los Angeles, dans un futur proche. Theodore Twombly, un homme sensible au caractère complexe, est inconsolable suite à une rupture difficile. Il fait alors l'acquisition d'un programme informatique ultramoderne, capable de s'adapter à la personnalité de chaque utilisateur. En lançant le système, il fait la connaissance de 'Samantha', une voix féminine intelligente, intuitive et étonnamment drôle. Les besoins et les désirs de Samantha grandissent et évoluent, tout comme ceux de Theodore, et peu à peu, ils tombent amoureux…"